Golf - 29/11/2022
RENCONTRE
Depuis 3 ans, Alejandro Reyes est le consultant agronome du Old Course. A la tête du Golf National pour la Ryder Cup 2018 en France, il est aujourd’hui en poste à Rome, sur le parcours Marco Simone pour préparer la Ryder cup 2023. L’homme de terrain partage son savoir-faire avec les équipes du Old Course lors de ses visites tous les mois.
Cela fait maintenant 3 ans que vous travaillez avec le Old Course. Comment le parcours a évolué ?
Je pense que sur ces dernières années les évolutions sont très positives. Il ne faut pas oublier que ce parcours a 130 ans, il y a beaucoup de passage et ce qui fait sa grande force peut aussi entraîner des contraintes. Les pins parasols par exemple qui sont magnifiques entrainent deux contraintes importantes : les racines, qui sont très énergivores en eau et l’ombre qui n’aide pas au développement du gazon. Notamment sur les départs. Donc je peux vous dire que par rapport aux contraintes, le travail effectué par les équipes est d’une très grande qualité
Quels ont été les axes de travail ?
Nous nous sommes attachés à apporter une grande attention aux greens. L’objectif est d’obtenir une fermeté avec un développement racinaire solide pour avoir des greens plus forts toute l’année. Il était également important de maîtriser l’arrosage. On ne peut pas se permettre d’ignorer ce paramètre. C’est la clé.
Quelle est la particularité de ce parcours par rapport aux autres ?
C’est son sol sableux et sa proximité avec la mer. C’est un des seuls dans la région. En France il faut aller dans les Landes ou du côté de Fontainebleau avec le sable de Morfontaine pour trouver pareille situation. Le sable c’est la clé. Au XXe siècle les plus grands architectes de golf ne voulaient pas se lancer dans la création d’un parcours s’il n’y avait pas de sable sur site. C’était inconcevable. Le fait qu’il soit positionné près de la mer lui offre un microclimat parfait l’hiver, mais une humidité un peu élevée l’été à maîtriser. Tous ces facteurs font que nous mettons en place un programme précis à l’année, que nous adaptons à chaque visite.
Comment travaillez-vous avec le Old Course ? Que faites-vous lors de vos visites ?
A mon arrivée, nous avons commencé par une radiographie complète du golf. L’idée est de comprendre le terrain dans ses besoins et ses excès. Une fois toutes ces données collectées, un plan agronomique est établi avec les opérations mécaniques à effectuer, les plans engrais etc. Je viens 10 fois par an et à chaque visite je fais le tour du parcours et des greens avec l’intendant. Le but est d’écouter ce qui a été fait et de constater le résultat. Il ne faut pas oublier qu’un parcours de golf c’est un parcours vivant. C’est la nature et il faut savoir l’écouter, vivre avec et s’adapter. Il y a 3 axes à garder en tête en permanence pour être cohérent : les conditions de jeu, si elles sont bonne sou pas ; l’état agronomique c’est-à-dire la santé du terrain, et enfin l’esthétique.
Quelles sont les axes à améliorer ?
Chaque année des améliorations sont apportés sur les départs, les chemins ou encore les bunkers. Il y a certains trous qui sont redessinés. C’est remarquable de pouvoir constater que chaque année, il y a une nouveauté qui est apporté, une amélioration. Ce n’est pas toujours le cas.
Le Old Course s'est engagé dans une démarche de transition écologique, notamment avec le bermuda Ibiza et bientôt la réutilisation de l'eau usée pour l'arrosage... Racontez-nous cette démarche ?
Le Old Course est en avance, mais en réalité, c’est presqu’une obligation à l’avenir. On ne peut pas se projeter sans réduire l’impact en eau. Il existe une vraie logique entre l’herbe qui pousse et l’eau qui la fait pousser. Si vous arrosez avec de l’eau usée traité une herbe qui n’est pas adapté, cela pourrait obligé de compléter les faiblesses de cette herbes avec des engrais etc. Et donc quand vous faites la balance, le bénéfice obtenu et plus limité. Le choix d’implanter ce gazon type « Bermuda », c’est parce qu’il se marie parfaitement au climat et à la spécificité du terrain, mais aussi à l’arrosage qui va évoluer. La réutilisation des eaux usées est une vraie avancée. D’autant qu’en France, et à Mandelieu, elle est d’une excellente qualité ! En fonction des apports de cet eau, le programme annuel sera adapté. De vrais économies seront effectuées. Mais sur le terrain, le joueur ne verra pas la différence.
Peut-on avoir un parcours parfait toute l’année ?
C’est impossible. On peut avoir un bon parcours toute l’année. Mais parfait, non. C’est comme si vous demandiez à un joueur de foot de jouer tous les jours sans se reposer. Le golf est un élément vivant. Il y a des périodes de fatigues, de stress, de repos, de force qu’il faut savoir gérer et accompagner. C’est pourquoi nous demandons toujours le calendrier des compétitions du club. On cible les périodes clés durant lesquels le parcours doit être sous son plus beau jour.